Florence PITOT, exploratrice des matières et du simple
Florence aime la matière. Elle crée dans la patience. Étape par étape. La terre, la laine, le bois, le feu, l'eau... Elle apprivoise le brut. En révèle la lumière. Elle vit en Ardèche.
" La matière et le corps sont faits pour moi de la même substance, le corps donne à la matière et la matière donne au corps lors du processus de création . Il y a échange, mélange. La matière est transformée, mais le corps en sort également transformé, ainsi que l'esprit (l'idée)."
Image :Florence PITOT
Tu te sens plutôt créatrice, co-créatrice, inventeuse, artisane, interprète, … ?
Je me sens humaine avant tout et n'aime pas forcément catégoriser, mais s'il fallait choisir un terme je pense être plutôt artisan, mais j'aime également le terme de co-création, je pourrais dire que je co-crée avec la nature et les éléments.
Parmi tes œuvres, quelle est celle que tu aimes le plus et pourquoi ?
Elle n'existe pas encore et c'est certainement pour cela que j'aime et que je continue à créer. Si elle existait je ne serais plus dans la recherche.
Image : Florence PITOT
Image : François CLOUARD
Image : Florence PITOT
Qu’est-ce qui te donne envie de créer ?
L'envie de tout faire de mes mains en partant de la matière même. J'aime créer en partant de ce que certains appellent « rien » mais ce qui est en fait tout pour moi. J'aime aller chercher la matière à sa source plutôt que d'aller chercher une matière déjà transformée. En transformant la matière depuis le début je me sens créer.
Qu’est-ce qui t'éloigne de la création et comment fais-tu pour en retrouver le chemin?
Le superflus, le matériel m'éloignent de la création. Je cherche alors à revenir à l'essentiel.
Image : Florence PITOT - Paysage depuis l'atelier de Florence
Image : Florence PITOT - Après l'enfumage
Image : Florence PITOT - Cuisson dans un four autocontruit - terre locale
Dans ton expérience, quels sont les liens qui existent entre idée, matière, corps et création ?
La matière et le corps sont faits pour moi de la même substance, le corps donne à la matière et la matière donne au corps lors du processus de création . Il y a échange, mélange. La matière est transformée, mais le corps en sort également transformé, ainsi que l'esprit (l'idée). J'ai alors plutôt l'impression que l'idée découle de la relation entre le corps et la matière. On pense avoir une idée mais c'est peut-être la matière qui nous l'a insufflée consciemment ou non.
Pourrais-tu nous raconter ce qui se passe à l’intérieur de toi quand tu es en train de créer (en nous donnant un exemple) ?
Une simple sensation d'être. Une sensation de ne plus pouvoir m'arrêter. Le temps s'arrête, le moment prévaut, le mental s'apaise. C'est un moment où je ne sens plus de réels besoins. Un exemple assez simple que beaucoup connaissent est d'oublier de dormir, de manger, de boire...
Image : Florence PITOT - Poterie sauvage en bord de lac
Comment sais-tu qu’une œuvre est terminée ? A quoi le reconnais-tu ?
Une œuvre ne semble jamais terminée car elle n'est qu'une partie de la recherche d'une œuvre plus grande. L’œuvre, en elle-même, est toute la vie et le cheminement, ce n'est jamais terminé, ni achevé, ça n'a pas de fin en soi. Elle est faite de « petites œuvres » misent les unes à côtés des autres.
Image : Florence PITOT - Fuseau taillé
Qu’est-ce que tu aimerais dire à celui ou celle qui n’ose pas se lancer dans un processus créatif ?
Je proposerais de ne pas attendre de résultat ni de but dans la création. S'y mettre avec légèreté sans penser ni à la fin, ni au temps, être dans le faire, le moment. L'attente de résultat peut s'avérer parfois un frein.
Image : Florence PITOT
Si tu avais un livre, un artiste, une œuvre qui t'as touchée et que tu aimerais nous faire découvrir … ?
Cette réponse peut-être très variable selon le moment de ma vie où elle est posée. Il y en aurait beaucoup... Aujourd'hui, remontons aux racines de l'humanité avec la Venus de Dolni Vestonice.
Et si tu nous partageais ton meilleur remède contre le découragement ?
Je n'en ai pas, si vous en trouvez un qui fonctionne je suis preneuse. Je tente pour ma part de retourner à l'essentiel.